Récemment, j’ai eu la possibilité de m’entretenir avec le fondateur & CTO de NavVis, Georg Schroth. Nous avons discuté des software et hardware, de l’évolution de l’industrie de la numérisation laser et des perspectives pour l´année 2023. Lisez la suite pour en savoir davantage.
Q : Il semble que nous ayons un goût prononcé du developpement du hardware, le nouveau scanner et la dernière mise à niveau hardware en sont des exemples parfaits. Mais NavVis semble croire que le logiciel est tout aussi important pour l’avenir de la cartographie 3D. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?
Le hardware s’améliore encore, mais nous avons déjà constaté que ces améliorations ralentissent. Aujourd’hui, peu de nouveaux scanners laser terrestres sont annoncés. Et quand même une une annonce est faite, les nouvelles spécifications matérielles n’apportent généralement rien de nouveau.
La plupart des révolutions en matière de numérisation laser, même dans le domaine du TLS, sont axés sur les logiciels. Ils s’attelent à simplifier votre workflow, à rendre la numérisation plus rapide et à apporter plus vite de la valeur ajoutée au client.
La cartographie mobile en est la parfaite illustration. Chez NavVis, nous utilisons déjà du matériel assez standard - le secret des avantages réside en fait dans le software qui traite les données générées par les scanners à faisceaux multiples. Et là, on est loin de la saturation.
Cette volonté d’améliorer le software n´est qu´à ses débuts Nous pouvons générer beaucoup plus de détails et extraire beaucoup plus d’informations de ces scanners multifaisceaux. Nous pouvons obtenir une représentation encore meilleure et plus complète de la réalité.
Et en fin de compte, c’est évidemment comme dans tous les autres secteurs : le software a de l´avance sur le hardware. Par conséquent, lorsque vous investissez, vous devez vraiment vous assurer que vous choisissez une entreprise qui investira dans le logiciel.
Q : NavVis propose déjà des mises à jour gratuites et régulières à ses clients, ils ont même des mises à jour qui améliorent le hardware qu’ils ont acheté il y a plusieurs années. Comment envisagez-vous maitenir cette dymanique en 2023 ?
En offrant aux prestataires de services la possibilité d’appréhender le cycle de vie continu des bâtiments - de meilleure manière, plus rapidement et le plus souvent.
De nos jours, les prestataires de services numérisent un bâtiment une fois, puis remettent les plans et les nuages de points à leurs clients. En effet, le client souhaite toujours que le travail soit fait le plus rapidement possible parce que c’est très cher, donc vous ne scannez qu’une fois.
Sauf que... Si des changements surviennent, ils aimeraient également que ces changements soient enregistrés. Ils souhaiteraient que les nouvelles informations soient collectées en permanence, ils sont soucieux d´avoir des données fiables.
Par exemple, un chantier de construction bénéficierait de rescans efficaces. Supposons que certains artisans aient déjà installé les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation ou certains équipements mécaniques, électriques et de plomberie. Et ils sont documentés. Une fois la structure terminée, ils peuvent utiliser les données voir ce qui se passe dans les zones cachées du bâtiment.
Tous les clients veulent ces données, mais généralement, très peu font appel à un géomètre pour les recueillir parce que c’est trop coûteux.
Q : De quelle manière NavVis va-t-il utiliser le logiciel pour résoudre ce problème ?
Supposons que vous ayez déjà des scans pour le deuxième ou le troisième étage d´un bâtiment. Vous recommencez avec le NavVis VLX, en utilisant les points de contrôle que vous avez utilisés précédemment. Vous ne scannez que les zones qui ont changé ou qui comportent des parties importantes que vous souhaitez documenter.
Cela est possible grâce au workflow que nous développons.
Il facilite la capture en continu car il permet de scanner tout ce qui se trouve à l’intérieur du bâtiment et qui a déjà été scanné. les données de la nouvelle numérisation fusionnent parfaitement avec celles de la numérisation existante. Si bien le moindre problème d'ambiguïté ou de chevauchement des données ne se pose pas. Vous aurez l’impression d’avoir numérisé en une journée.
Les coûts de numérisation sont ainsi beaucoup moins élevés, car il suffit de numériser ce qui a changé, et non l’ensemble du bâtiment.
Et ce n´est pas tout ! Le deuxième point porte sur le brouillage. Pour les zones extérieures en particulier, il est fort probable que vous capturiez des images de personnes, ce que vous tenez à éviter à tout prix - et c’est bien normal - car vous n’êtes pas autorisé à utiliser ce type de données sans une certaine forme de brouillage. Cette tâche s'est avérée plutôt fastidieuse, c'est pourquoi nous nous efforçons de l'intégrer dans notre post-traitement.
Q : Que nous réserve la NavVis’ Reality Capture Solution pour l´avenir ? À quoi ressemblera le BIM dans cinq ans ? De quoi sera t-il capable ?
L’objectif est d’utiliser un logiciel pour rendre la NavVis Reality Capture Solution abordable et accessible à tous.
Prenons le cas des appareils photo des smartphones que la plupart des gens utilisent aujourd’hui. Ils sont pour la plupart définis par des logiciels. La démocratisation de ce matériel offre une multitude de possibilités. Tout le monde peut les utiliser pour documenter la réalité avec des images et échanger cette documentation rapidement et facilement.
C’est ce que nous entendons vraiment réaliser avec la capture 3D. Je veux utiliser des logiciels pour que tout le monde puisse capturer la réalité dans sa troisième dimension. Il s’agit évidemment d’une mission ambitieuse. Même si nous nous concentrons principalement sur les services professionnels.
C’est vraiment le domaine sur lequel il faut se concentrer, car les personnes qui exercent la profession de planificateur du monde bâti sont celles qui planifient l’avenir. Pour ce faire, ils doivent comprendre comment la réalité se présente aujourd’hui.
Ce n’est pas toujours possible dans des secteurs comme la gestion de la construction. Chaque fois qu’ils utilisent un appareil photo seul, ils souhaitent pouvoir capturer également la troisième dimension. Et c’est là que j’aimerais que le NavVis VLX intervienne. Je voudrais qu’il soit si abordable que le choix le choix entre l’utilisation d’un appareil photo ou d’un scanner laser ne se pose pas, étant donné que notre dispositif de capture de la réalité fait les deux.
Q : Il est clair que les logiciels sont capables de réaliser des choses incroyables, comme réduire le coût du matériel et faciliter l´accès à la numérisation 3D. Seulement, y a-t-il des risques auxquels on s´expose en démocratisant la numérisation laser.
Avez-vous un dernier point à préciser ? Je m’inquiète en effet des vendeurs qui proposent un prix bas, obtenu grâce à un faible coût du matériel, et qui investissent très peu dans les logiciels de traitement. La suite logique d´une telle démarche, c´est l´obtention des données peu fiables qui ont l´air des données précises.
Les scanners trépieds, qui offrent une précision d’environ deux centimètres et coûtent moins de 10 000 euros, en sont un bon exemple.
La majorité des professionnels de la numérisation laser sont très sceptiques à l’égard de ces produits. Dans ce cas, quel est le piège ? Les professionnels de la numérisation laser devront faire face à l’avenir, à une forte concurrence de la part de fournisseurs non professionnels. Par non professionnel, je désigne ceux qui viennent d’acheter un petit scanner bon marché et qui ont l’impression d’être déjà un fournisseur professionnel de numérisation laser. Ils se présentent d'ailleurs comme tels.
Il sera donc très difficile pour les architectes ou autres personnes ayant besoin de ces données d´en trouver qui soient dignes de confiance.
En tant que professionnel de la numérisation laser, l’un des moyens de contrer ce phénomène est d’éduquer. Mais cette éducation a ses limites, car il n’y a pas beaucoup de temps pour la communication. L’autre moyen est d’offrir des données de haute qualité, à grande vitesse et à faible coût - ce qui est possible si vous avez les bonnes compétences et si vous avez fait les bons investissements dans la cartographie mobile.
Une autre possibilité serait de fournir à vos clients bien plus que des plans d’étage et des fichiers de nuages de points. S’agissant d’un chantier de construction, rappelez-vous que les architectes et les entreprises de construction ne savent même pas que vous pouvez les aider à identifier les changements non planifiés. En tant que fournisseur expérimenté de services de numérisation laser connaissant le travail et les besoins spécifiques de votre client, vous pouvez l’informer sur ce service et le lui fournir. C’est un point surlequel les fournisseurs non professionnels ne peuvent pas concurrencer.
Et si vous n’êtes pas sûr de savoir comment faire, nos customer success managers ont l’expérience nécessaire pour vous aider.
Q : De nombreuses entreprises adoptent aujourd’hui un modèle d’abonnement ou de logiciel en tant que service (SaaS) pour leurs logiciels. NavVis a-t-il envisagé ce modèle ?
Oui. Par le passé, nous avons constaté que la numérisation laser était toujours synonyme d’investissements initiaux importants. Cela signifie que vous devez être sûr de pouvoir continuer à rentabiliser votre investissement à l’avenir. Mais il n’a jamais été aussi difficile de prédire l’avenir qu’aujourd’hui.
Avec le COVID-19, la situation économique est incertaine. Face à un tel scénario, certaines personnes préfèrent prendre moins d’engagements financiers. Parce qu’ils ne sont peut-être pas aussi sûrs d’eux qu’avant.
Cependant, cela ne correspond pas à l’ancienne façon d’acheter des logiciels. Dans le passé, vous obteniez un CD ou un téléchargement de Microsoft Office pour 5 000 € d’avance. Ensuite, vous pouviez utiliser ce logiciel, parfois sans aucune mise à jour pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’il ne soit plus compatible.
Il existe désormais une nouvelle façon de faire des affaires. Vous payez un certain nombre d’euros par mois ou par an, et vous bénéficiez toujours du service le plus récent. Vous n’avez pas à l’installer, vous n’avez pas à vous soucier de la maintenance, etc. Et le grand avantage, c’est que vous pouvez l’annuler à tout moment si vous estimez qu’il n’est plus adapté à vos besoins.
Ce modèle SaaS finira par s’imposer dans tous les secteurs, y compris l’AEC et même le secteur de la numérisation laser. Et c’est un domaine dans lequel nous voulons également investir parce que nous pensons que l’avenir se joue de ce côté.
Nous pensons que les coûts initiaux de nos clients seront fortement diminués. Et c´est tant mieux ! C’est possible pour la simple raison que nous n’avons pas le matériel complexe et coûteux que d’autres ont. Nos investissements et notre argent sont plutôt consacrés au développement de logiciels.
Recapitulatif
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Sean Higgins est un écrivain indépendant spécialisé dans la technologie, ancien rédacteur en chef d’une publication spécialisée et passionné de la nature. Il estime qu’en technologies 3D, écrire de manière claire et sans expression à la mode est un devoir.